Fin décembre 2007, la société Pierre et Vacances annonce qu'elle souhaite réaliser un nouveau Center Parcs dans le bois des Avenières, sur la petite commune de Roybon en Isère. Le groupe exploite actuellement 5 centres de ce type en France et 16 en Europe.
Qu'est-ce qu'un Center Parcs ? Ce concept de village-vacances, né au Pays-bas et racheté par Pierre et Vacances en 2003, consiste en plusieurs centaines de bungalows situés dans un espace forestier fermé et groupés autour d'un « centre aqualudique », sorte de bulle de 30 000 m2 avec une piscine chauffée à 29 °C toute l'année, des restaurants, boutiques, spas et autres services. Les bungalows sont loués à des touristes à la semaine ou au weekend.[1]
Le Center Parcs projeté à Roybon compterait 1000 bungalows (environ 5000 lits) sur 200 hectares.
Ce projet fait l'objet d'une opposition locale depuis septembre 2008,pour différentes raisons environnementales et politiques :
Il s'agit donc de détruire et de privatiser une forêt communale, à grands renforts d'argent public.
Pour justifier cela, le seul argument des promoteurs est l'emploi : 470 équivalents temps-plein seraient créés.
Mais il s'agit essentiellement d'emplois de nettoyage, d'une moyenne de 12 heures/semaine concentrés en début et fin de semaine, avec beaucoup de trajet car la main d'œuvre devra être recrutée jusqu'à 50 kms de Roybon. Les conditions de travail sont particulièrement mauvaises chez Center Parcs, comme le montrent les nombreuses grèves menées par les employés de différents centres en 2008 et 2009.
Bref historique de la lutte contre Center Parcs :
Jusqu'à l'été 2014, la lutte contre le Center Parcs de Roybon était menée sur le plan juridique (principalement par l'association « Pour des Chambarans Sans Center Parcs ») et par de la contre-information locale (collectif « Quelques Opposants à Center Parcs »).
En octobre 2014, le préfet décide de passer outre l'avis négatif des commissaires-enquêteurs et autorise le début du défrichement du site, sans attendre le résultat des recours juridiques déposés par les associations opposantes. Quarante hectares de forêt sont alors coupés en à peine plus d'un mois.
Le 30 novembre 2014, mille personnes manifestent dans le Bois des Avenières, et une maison forestière est occupée de manière permanente. Les opposants peuvent désormais bloquer pacifiquement les bûcherons chaque matin : le défrichement cesse, les engins de déforestation quittent le site. Le 6 décembre au soir, une marche aux flambeaux de 500 personnes provoque le départ définitif des derniers vigiles patrouillant sur le site. On ne les a jamais revus, ni eux ni les machines qu'ils protégeaient.
Depuis, quelques personnes occupent la forêt en permanence, habitant dans des cabanes auto-construites et dans cette maison forestière rebaptisée « MaquiZad ». De nombreux événements publics ont eu lieu (chantiers collectifs, discussions, fêtes...). Les occupant.e.s ont déjà passé deux hivers dans la forêt, soutenus par de nombreuses personnes qui leur apportent matériel et nourriture. Ils·elles ont parfois été victimes d'agressions de la part de gens soutenant le projet (il y a eu deux incendies volontaires en 2015).
Juridiquement, l'arrêté préfectoral d'octobre 2014 autorisant le début des travaux a été cassé en juillet 2015. Mais Pierre et Vacances a fait appel de cette décision (le rendu du jugement est attendu pour l'autonme 2016 ), donc rien n'est encore gagné définitivement de ce côté-là.
Pour en savoir encore plus :
Pour se tenir informé des événements concernant cette lutte :
[1]Compter entre 700 et 1300 euros le weekend pour une famille avec deux enfants, suivant les services consommés.
[2]Le rapport de l'Enquête publique « Loi sur l'Eau » rendu en juillet 2014 pointe douze points rédhibitoires, motivant un avis défavorable des commissaires enquêteurs. Il est consultable ici
[3]Chaque personne investissant dans un bungalow bénéficie de réductions de TVA et d'impôt sur le revenu grâce aux lois Cellier et Censi-Bouvard, dispositifs prolongés en 2012 sous la pression du PDG du groupe, Gérard Brémond.