Face à la catastrophe écologique annoncée, les bonnes âmes appellent à "dépasser les divisions", à s'unir dans "un pacte écologique". Cet essai s'attaque à cette idée reçue : il n'y aura pas de consensus environnemental. Loin d'effacer les antagonismes existants, la crise écologique se greffe au contraire à eux pour les porter à incandescence. Soit la localisation des décharges toxiques aux Etats-Unis : si vous voulez savoir où un stock de déchets donné a le plus de chances d'être enfoui, demandez-vous où vivent les Noirs, les Hispaniques, les Amérindiens et autres minorités raciales. Interrogez-vous par la même occasion sur le lieu où se trouvent les quartiers pauvres... Ce racisme environnemental qui joue à l'échelle d'un pays vaut aussi à l'échelle du monde.
"Marchés carbone", "droits à polluer", "dérivés climatiques", "obligations catastrophes" : on assiste à une prolifération des produits financiers "branchés" sur la nature. Faute de s'attaquer à la racine du problème, la stratégie néolibérale choisit de financiariser l'assurance des risques climatiques. C'est l'essor de la "finance environnementale" comme réponse capitaliste à la crise. Surcroît de catastrophes naturelles, raréfaction de certaines ressources, crises alimentaires, déstabilisation des pôles et des océans, "réfugiés climatiques" par dizaines de millions à l'horizon 2050... Autant de facteurs qui annoncent des conflits armés d'un nouveau genre, auxquels se préparent aujourd'hui les militaires occidentaux. Finie la guerre froide, bienvenue aux guerres vertes !
Un essai brillant, dans lequel l'auteur, sociologue, fournit une grille de lecture originale et critique des enjeux de la crise environnementale actuelle.