RIC à L'Arlequin

Brève

La question "Pour ou contre les démolitions des logements sociaux de l'Arlequin?" a été posée du 14 au 20 octobre aux habitant.e.s de la galerie de l'Arlequin à la Villeneuve, par l'intermédiaire d'un Référendum d'Initiatives Citoyennes, ou RIC, cet outil de démocratie directe revendiquées par les gilets jaunes depuis un an.

Ce RIC a été organisé par la Table de Quartier Villeneuve, à l'initiative du collectif contre les démolitions imposées, et avec le soutien, donc, des gilets jaunes. L'organisation de ce référendum est une nouvelle tentative de faire entendre et participer les habitants au projet de rénovation urbaine qui prévoit la démolition de 600 logements sociaux d'ici à 2021. En effet, bien que les projets de rénovation urbaine portés par l'ANRU intègrent une part de concertation citoyenne, il semble que celle-ci débouche rarement sur la prise en compte de l'avis des habitants, surtout dans les cas de démolitions[1]. Après avoir déjà soumis deux pétitions, dont la deuxième a recueilli les 2000 signatures qui auraient dû lancer le processus de votation citoyenne proposé par la Ville de Grenoble [2], le RIC est donc une nouvelle occasion pour les habitants de prendre la parole dans ce débat et de s'imposer dans les prises de décisions politiques qui les concernent directement. Cependant, le RIC n'aura pas de valeur légale et encore moins coercitive.
Pour permettre ce vote, qui concerne uniquement les habitants majeurs de la galerie de l'Arlequin, trois bureaux de vote seront ouverts de 8h à 20h pour collecter les voix, dont un bureau fixe au Patio.

Quant à elle, la Ville n'a pas souhaité soutenir logistiquement l'organisation de ce vote, prétextant la période pré-électorale et affirmant ne pas vouloir "remettre en question les avancées de la convention ANRU" [3]. L’organisation du vote (sa tenue, la communication, son financement...) a donc été portée bénévolement par environ 50 personnes. A cet égard, le DAL 38 précise dans son communiqué : « Le sérieux du scrutin est à souligner : longue campagne d’information, implication de 50 habitant.es et bénévoles, présence de feuilles d’émargement, demande de justificatifs aux votants, tenue des bureaux de vote par des assesseurs, passage inopiné de 6 scrutateurs indépendants, dépouillement public, et suivi des recommandations CNIL… le résultat est irrévocable ! » [5].
  526 personnes habitantes du quartier se sont déplacées pour aller voter, soit une participation au scrutin estimée à 23 %. Le taux de participation s’est  avéré être plus élevé  que celui de la cinquième édition du budget participatif organisé par la mairie de Grenoble [4], et plus élevé aussi que le taux de participation aux dernières élections européennes en 2019.

L’enjeux maintenant est de faire entendre la voix des habitant.es du quartier face aux décideurs politiques : mairie, Métro, bailleurs sociaux, ANRU, et que ceux ci au-delà de leur agenda politique prennent acte de la réalité quotidienne des habitant.e.s.

A ce sujet le DAL 38, porte voix de la lutte réitère ses demandes aux décideurs :
« Les décideurs doivent ouvrir les yeux sur la réalité du quotidien vécu par leurs administrés et prennent des décisions allant dans le sens de leurs aspirations, et non dans le seul intérêt financier des grandes entreprises du BTP. »
Il réclame :

  • l’arrêt total des démolitions prévues -> la reprise de l’entretien dans les parties communes et les logements
  • la réhabilitation sans augmentation de loyer et sans malfaçon de toutes les montées
  • le retour des locataires le souhaitant dans le quartier, en particulier au 10-20 Arlequin, et l’occupation des logements laissés vacants.

Les conditions d’habitations dans le quartier sont fortement dégradées et il s’agit encore une fois que les mêmes responsables prennent des dispositions concrètes pour faire cesser ces situations de mal-logement :

  • une canalisation a sauté au 110 galerie de l’Arlequin sans réaction de la part du bailleur
  • l’infestation des punaises de lit se poursuit au 90
  • les habitants ne savent toujours pas dans quelles conditions ils seront relogées au 70
  • les derniers locataires du 10 et du 20 reçoivent les premiers courriers recommandés, en prévision de leur expulsion.
  • sur tout le quartier, au moins 370 logements sont laissés vacants.
  • le tout au milieu de travaux dont la durée et la qualité ne sont pas connus : les exemples de réhabilitation du 40 et du 50, et les augmentations de loyer qui ont suivi sont loin de rassurer les habitants.


[1] voir l'article de Place Grenet, Expériementation du « Ric démolition » à la Villeneuve de Grenoble : vers un nouveau droit pour les habitants ? - 05/10/19
[2] La votation citoyenne n'a pas eu lieu car elle a été annulée par le tribunal administratif de Grenoble.
[3] Voir l'article du Daubé, « Le modèle politique de Grenoble ne relève-t-il pas du Tarturffe de Molière?" - 23/09/19
[4] Voir l’article de Place Grenet,  “Tout démolir” ou “réhabiliter” : à la Villeneuve, le Ric autogéré jusqu'à dimanche rencontre un relatif succès | Place Gre'net – 19/10/2019
[5]  voir le communiqué du DAL 38 RIC À LA VILLENEUVE / GRENOBLE LE 22/10/19